Après le landgrab : violence infrastructurelle et « système mafieux » dans les plantations de palmiers à huile Indonésiennes

2024. L’HOMME 251-252 (p. 129-164).


Résumés

Les plantations sont de retour. La monoculture commerciale à grande échelle de type colonial, pratiquée par l’agro-industrie sur des terres de concession, connaît un nouvel essor dans le Sud global. Cette expansion est spécialement prégnante en Indonésie, où la culture de palmiers à huile occupe déjà 11 millions d’hectares et où il est prévu d’investir 10 à 20 millions d’hectares supplémentaires, le plus souvent sous la forme de plantations. La question foncière au sein de ce renouveau des plantations a fait irruption dans le débat public en 2008-2009, alors que se multipliaient les acquisitions transnationales de terres, souvent décrites comme un accaparement au niveau mondial. Le terme polémique « accaparement » (grab) a le mérite d’avoir attiré l’attention sur les destructions en cours : celles des droits fonciers coutumiers, de la diversité des systèmes agricoles, des équilibres écologiques. S’appuyant sur une recherche ethnographique conduite dans la zone de culture de palmiers à huile de la province indonésienne du Kalimantan occidental (île de Bornéo), le présent article se penche sur ce qu’il se passe après l’accaparement, en mettant en évidence la violence inscrite dans l’infrastructure matérielle, sociale et politique que les plantations mettent en place. Les promesses de réforme par le biais de la réglementation et de la certification sonnent creux, car la loi, le gouvernement et les moyens de subsistance sont subordonnés aux logiques des plantations ; et cette trajectoire s’aggrave au fil du temps, à mesure que les zones de plantation s’étendent, deviennent saturées et que tous s’y trouvent enfermés. Les plantations indonésiennes ne peuvent être transformées, il faut donc stopper leur expansion.

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